Les années 1930: un éveil à la prise de la parole citoyenne
Le monde ouvrier:
Les années 1930 dans la région de Salaberry-de-Valleyfield ont servi d’amorce à la prise de la parole citoyenne: d’abord au sein du mouvement ouvrier naissant fortement imprégné de la morale du catholicisme. La grève des ouvriers de la Montreal Cottons, en 1937, marque cette décennie. Par ailleurs, les institutrices de la municipalité, sous l’impulsion de Berthe-Élisabeth Monette, fondent une association pour défendre leurs droits. Cette association a jeté les premiers jalons du syndicalisme enseignant dans notre région.
Les droits des femmes:
Madame Thérèse Gendron-Amiot, qui se décrit comme féministe, milite avec plusieurs femmes de la grande région (Valleyfield, Beauharnois, Huntingdon) dans un mouvement pour le droit de vote des femmes au Québec.
Beauharnois Power:
La compagnie Beauharnois Power, qui deviendra plus tard la Beauharnois Light, Heat and Power, commence en 1930 les travaux de construction de la centrale de Beauharnois. Ce vaste chantier ne se fera pas sans heurts: empiètement sur les terres de cultivateurs pour la construction du canal, inondations provoquées par le détournement des eaux du fleuve Saint-Laurent, etc. D’ailleurs, il faut se rappeler que la construction de la centrale hydroélectrique a donné lieu à un scandale. « La Beauharnois Light, Heat and Power avait donné 700,000$ au Parti libéral du Canada à l’approche des élections fédérales de 1930, en échange du droit de modifier le débit du fleuve Saint-Laurent. » (Wikipedia, Scandale de Beauharnois)
Les chômeurs:
En pleine crise économique durant la grande dépression à la suite du Krach boursier de 1929, les chômeurs de la Ville se regroupent; ils réclament un contrôle de la main-d’œuvre étrangère, face à une pénurie d’emplois.
Les communistes et les fascistes:
Fait historique moins connu, la prise de la parole citoyenne passe durant les années 1930 à Salaberry-de-Valleyfield non seulement par des associations de la mouvance de l’Église catholique, dont les syndicats et la Chambre de commerce, mais également des regroupements citoyens dont certains prônaient le communisme et d’autres le fascisme.
Thérèse Gendron-Amiot, une grande militante féministe de Salaberry-de-Valleyfield
La Bande à clips tient à rappeler le rôle de premier plan joué par Madame Thérèse-Gendron-Amiot pour les droits des femmes du Québec, et ce, à partir des années 1930. Plusieurs vignettes de notre revue de presse sont consacrées à l’implication citoyenne de cette militante née le 21 juillet 1901 dans la paroisse Sainte-Cécile de Salaberry-de-Valleyfield. Elle s’est mariée à M. Gilles Amiot, chirurgien-dentiste, le 8 juin 1920. Madame Gendron-Amiot est décédée à Montréal, à l’âge de 73 ans, le 19 février 1975.
Nous vous invitons à prendre connaissance de l’hommage que lui a rendu Jean-Marie Léger dans le journal Le Progrès de Valleyfield du 26 février 1975. (Voir vignette suivante).
1931: Les citoyens tenus dans l’ignorance selon la Chambre de commerce
1931: Requête au sujet des odeurs de la carrière de Bellerive
1931: Opposition au changement de l’heure
1932: Plaintes des citoyens du Nouveau-Salaberry
Le Progrès de Valleyfield publie régulièrement des nouvelles du village du Nouveau-Salaberry, une entité complètement autonome jusqu’à son annexion à la Ville de Salaberry-de-Valleyfield, en 1944.
D’ailleurs, en 1932, le secteur Grande-Île, qui faisait alors partie du village du Nouveau-Salaberry, s’en est détaché pour fonder la municipalité Grande-Île. Le 24 avril 2002, le gouvernement du Québec décrétait la constitution de la nouvelle ville formée de Grande-Île, Saint-Timothée et Salaberry-de-Valleyfield.
Les citoyens du Nouveau-Salaberry ont eu des relations parfois tendues avec la municipalité de Salaberry-de-Valleyfield. Un article du Progrès de Valleyfield, en 1932, faisait état de plaintes des citoyens dont les puits étaient contaminés par les eaux de l’ancienne carrière municipale convertie en dépotoir. (voir vignette suivante). Cette carrière, d’une profondeur de 40 pieds remplie d’une eau stagnante, était située entre les rues Grande-Île et Jean-Talon, dans le quartier Bellerive-Ouest.
Les résidents du secteur ont exprimé leurs doléances à plusieurs reprises lors de son exploitation, en raison d’un problème lié à leur sécurité physique et à des dommages à leurs résidences, lors des activités de dynamitage de cette carrière municipale servant principalement à fournir le matériel concassé (roches de différentes grosseurs) pour la confection des rues de la ville. Un immense concasseur, situé près de la rue Jean-Talon, fonctionnait tous les jours de la semaine. Le bruit et la poussière qui s’en dégageaient pouvaient devenir insupportables pour les familles.
1932: Un dépotoir contamine les puits des résidents du Nouveau Salaberry
1932: Premier projet de remplissage du vieux canal Beauharnois
1932: Les charpentiers et menuisiers en congrès à Valleyfield
1933: Conférence sur les origines du féminisme
1933: Inscription à la Ligue des droits de la femme
1933: Veillée religieuse pour les ouvriers et ouvrières
1933: Une Union forte pour les ouvrières du textile
Année 1934 : La ligue du droit des femmes, sous la présidence de Thérèse Gendron-Amiot, de Valleyfield, est active dans la région. Imaginez le pouvoir de la Montreal Cottons qui a le droit de vote sur tous les règlements de la municipalité.
1934: Ralliement des ouvriers à la C.T.C. du Canada
1934: La Ligue des droits de la femme active dans la région
1934: Thérèse Gendron-Amiot conférencière à C.K.A.C
1934: Devenues féministes tout en restant féminines
1934: Un droit conditionnel à la construction d’un pont
1934: Contestation contre les visées de la Beauharnois Power
1934: Les citoyens invités à revendiquer leurs droits avec insistance et fermeté
1934: Montreal Cottons a le droit de vote sur tous les règlements municipaux
1934: Protestation au sujet de la route Montréal-Valleyfield
1934: Les cultivateurs en congrès à Valleyfield
L’année 1935 en est une assez pauvre sur les plans de l’engagement citoyen ou la militance. Par contre, la conjointe du Dr Amiot (dentiste) - qualifiée de féministe en 1936 lors de sa prise de position pour le vote des femmes au provincial - était déjà engagée, en 1935, dans la campagne électorale fédérale pour les libéraux. Elle avait pris la parole à la radio, chose rare à cette époque pour une femme. À constater également à la Montreal Cottons, il était question d’une association ouvrière et non pas encore d’un syndicat.
1935: Activités syndicales annoncées en chaire
1935: Un comité se préoccupe des ouvriers de la Montreal Cottons
1935: Les propriétaires s’unissent
1935: Plaintes des chômeurs à Valleyfield
1935: Ne devient pas barbier qui veut
1936 - Plus on recule dans le temps, on se rend compte que les prises de parole citoyennes sont plus rares. Ce sont principalement des ouvriers exploités qui osent se soulever comme ceux sur le chantier de construction de l’église de Bellerive. À lire le dernier paragraphe de l’article lorsqu’un ouvrier met le curé au défi de porter du ciment durant une demi-heure. 1936 marque également la venue à Valleyfield de la célèbre Commission d’enquête sur les relations patrons-ouvriers dans les usines de textile.
On prend connaissance également de la colère soulevée par le patronage de l’Union nationale à Beauharnois et la prise de position de Mme Amyot, de Valleyfield, contre le député unioniste Delpha Sauvé. Ce dernier, qui s’était déjà prononcé pour le vote des femmes, a trahi sa parole dans un deuxième temps et a voté contre le vote des femmes.
Cette revue de presse nous permet de faire un constat. La Gazette de Valleyfield a été fondée en 1936; donc, les années antérieures sont couvertes par Le Progrès de Valleyfield. Ce journal (Progrès) de grand format consacrait peu d’espace aux nouvelles locales. Il publiait des nouvelles de différentes régions du Canada et il était ouvertement un journal partisan des libéraux. Pour vous donner une petite idée de la facture du Progrès, nous annexons la première page d’une parution en décembre 1935. Nous comprenons mieux maintenant pourquoi La Gazette de Valleyfield a pu prendre une aussi grande place dans le paysage médiatique local. La Gazette, qui a fermé ses portes en 1971, axait un contenu axé principalement sur Salaberry-de-Valleyfield et ses environs, dont la région de Huntingdon. Il était rédigé à Salaberry-de-Valleyfield, mais imprimé à l’imprimerie du Huntingdon Gleaner, un des plus vieux journaux régionaux anglophones du Québec. Jean-Louis Brault en avait été le rédacteur en chef durant de nombreuses années.
1936: Mouvement de grève d’enfants exploités
1936: Les syndicats catholiques font du recrutement
1936: L’enquête du juge Turgeon sur la Montreal Cottons se déplace à Valleyfield
1936: Soulèvement ouvrier sur le chantier de l’église de Bellerive
1936: On se plaint du « patronage politique »
1936: Le vote des femmes: « Mon député m’a menti »
1936: Un duel entre le christianisme et le communisme
1936: Solidarité entre les barbiers
1937: Un syndicat catholique pour représenter les ouvriers de la Coton
1937: L’aumônier invite les ouvriers à être des travailleurs consciencieux
1937: Barriau ne peut parler au nom des syndicats catholiques
1937: La police intervient pour mettre fin à une assemblée syndicale
1937: Grève à la Dominion Textile
1937: Les grévistes s’opposent à l’expédition des marchandises de la Montreal Cottons
1937: Des familles durement touchées par l’arrêt de travail
1937: Un fonds de grève pour les grévistes de la Coton
1937: La Confédération des Travailleurs catholiques répond à Duplessis
1937: Les employés en grève de la Montreal Cottons et des membres de leurs familles près de l’usine
1937: Fin de la grève à la Montreal Cottons
1937: Les ouvriers suivent les directives de leurs chefs religieux et syndicaux
1937: L’ouvrier doit avoir sa carte de compétence
1937: Les ouvriers veulent le respect du salaire légal et des heures de travail
1937: La voix des Jeunes passe par une Chambre de commerce Junior
1937: 5,ooo personnes au ralliement ouvrier
1937: La délicate question des relations du capital et des ouvriers
1937: Le communisme une idée de Karl Marx
1937: Les syndicats neutres ont perdu du terrain
1937: Communistes et anti-communistes
1937: Grève à la conserverie de Valleyfield
1937: Mlle B.E. Monette présidente de l’Association des institutrices
1938: Dominion Textile refuse de renouveler le contrat avec la Fédération catholique
1938: Les syndicats dénoncent les conseils du travail proposés par Dominion Textile
1938: « Cette compagnie veut détruire les syndicats catholiques »
1938: Adrien Arcand dénonce les démocrates
1938: Le chef fasciste de Valleyfield à la fondation du Parti de l’unité nationale
1938: Messages haineux dans les vitrines des magasins de Valleyfield
1938: Une partisanerie condamnée par les jeunes
1938: Le conseil condamne certains jeunes fascistes de la cité
1938: Les fascistes de Valleyfield contre les « abus de la démocratie »
1938: 3,000 personnes à l’aréna pour protéger les intérêts municipaux
1938: Maxime Raymond veut protéger les ouvriers du textile
1938: Les ouvriers de la soie se sentent abandonnés par le gouvernement
1938: L’Office des salaires raisonnables se prononce pour les ouvriers du textile
1938: Les chauffeurs de taxi claquent la porte de l’hôtel de ville
1938: Réélu président du Syndicat catholique du textile
1938: Un rapport d’enquête sur le textile gardé secret
1938: Les institutrices rejettent le port de l’uniforme pour les enseignantes
1938: Manque de personnel pour le service téléphonique local
1938: Le Syndicat catholique du textile contre les étrangers
1939 à Salaberry-de-Valleyfield. La Deuxième Guerre mondiale n’est pas encore déclarée (Le Canada a déclaré la guerre à l’Allemagne en septembre 1939). À Salaberry-de-Valleyfield le taux de chômage est très élevé. Un comité de chômeurs menace de se rebeller. On s’insurge contre les travailleurs étrangers, ceux qui ne demeurent pas sur le territoire local et qui selon la Jeune Chambre de commerce prennent les emplois des locaux. La Chambre de commerce des jeunes va même jusqu’à proposer une carte d’identité obligatoire pour distinguer les ouvriers locaux des autres ouvriers. Le chef des fascistes canadiens, Adrien Arcand, vient à Valleyfield y tenir un discours contre les Juifs et l’immigration. À la Montreal Cottons, le syndicat représentant les ouvriers en est un catholique. Nous sommes à 6 ans de la grève de 1946 et du Syndicat de l’International dirigé par Kent Rowley et Madeleine Parent.
1939: Les Cercles des Fermières au cœur de la vie citoyenne
1939: Reconnaissance des syndicats catholiques à l’hôtel de ville
1939: Les représentants élus de façon démocratique
1939: Le syndicat seul moyen d’obtenir une convention collective
1939: Les jeunes ouvriers discriminés à Valleyfield
1939: La Ville emprunte pour procurer du travail aux chômeurs
1939: Situation des chômeurs intenable
1939: Contrôle de la main-d’œuvre étrangère à Valleyfield
1939: Le maire met en garde le comité des chômeurs contre une révolte communiste
1939: Les citoyens contre l’engagement des laïques à l’école Garneau
1939: Les chômeurs menacent de se rebeller
1939: Le syndicat catholique représente les ouvriers du textile
1939: L’Office des Salaires raisonnables au service de la Dominion Textile
1939: Les institutrices rurales, une force vive dans la région
1939: Le chef des fascistes canadiens à Valleyfield
1939: De la propagande nazie à Port-Lewis